Sur la frontière entre Villeurbanne et Lyon 2/2

Suite et fin de l’article dédié aux limites entre Villeurbanne et Lyon avec un itinéraire de balade à pied permettant de localiser et relier (avant qu’elles ne disparaissent) les 13 plaques en céramique qui signalent encore aujourd’hui la frontière entre les deux communes. En 1974 dans un article paru dans la revue Rive Gauche, l’historien Georges Bazin en dénombrait 32. Départ de la rue d’Hanoï à proximité des Charpennes, arrivée place des Maisons-Neuves. 3.5 kilomètres de marche ponctués de quelques points d’intérêt (comptez environ 1 heure).

Départ de l’itinéraire rue d’Hanoï, à 250 mètres de la place Charles Hernu. La première double plaque (1) se trouve sur l’immeuble qui porte le n°1, à droite de la porte de garage, à environ trois mètres du sol. Traversez la rue, la deuxième (2) est à quelques mètres de la précédente, sur le trottoir devant l’enseigne aux volets métalliques. Remontez la rue d’Hanoï en direction des Charpennes, empruntez la première voie à droite. La troisième (3) est à la jonction des immeubles au 128 et 130 avenue Dutriévoz, à quelques centimètres du sol. La quatrième (4) est en face sur l’avenue, à gauche de l’entrée de l’immeuble portant le n°13. Elle a été badigeonnée de peinture blanche début 2020 mais reste visible. La cinquième plaque se trouve à environ 1 kilomètre. Pour se rendre compte du désastre à l’œuvre, il importe de signaler qu’entre la dernière plaque mentionnée et la suivante, huit plaques ont disparu entre 1974 et 2020, cinq plaques précédaient la première.

Rejoignez le cours Émile Zola, traversez la pointe formée avec la rue des Émeraudes où se trouve le monument aux victimes de la barbarie nazie (sculpteur Gaston Dintrat, 1945). Remarquez au sol les grandes fleurs en mosaïques, il s’agit d’une œuvre de Niek Van de Steeg réalisée en 2005 (Structure de Correction : fleurs devant le monument aux morts). Coupez la rue des Émeraudes, anciennement appelée chemin de Vaulx (l’une des plus anciennes voies de Villeurbanne). Prenez la rue Bellecombe en longeant le flanc droit du « Colysée » des architectes Gimbert & Vergely, l’immeuble en arc-de-cercle qui embrasse la place. Au n°15 de la rue, l’immeuble où Jean-Marie Dedieu (1826-1893), premier maire élu au suffrage universel, vécut les dernières années de sa vie. Tournez à gauche sur la rue Dedieu. Au n°11, les ateliers VàV où travaillent plusieurs plasticien.ne.s très intéressant.e.s, des expositions sont ponctuellement organisées dans la vitrine.

Prenez la rue Jules Vallès à droite. Deux plaques avaient été posées dans cette rue. Georges Bazin raconte dans son article une anecdote à propos d’une boulangerie à cheval sur les deux communes. Jolie maison ancienne au n°36, derrière le portail : vue du ciel, on distingue là très clairement la frontière historique entre Lyon et Villeurbanne, la parcelle est littéralement coupée en deux par une diagonale et les bâtiments épousent cette ligne. Poursuivez tout droit. En traversant la rue Jean Broquin, prêtez attention aux bandes de marquage de stationnement, elles matérialisent elles aussi la limite entre les deux communes. Un détour de quelques mètres – à Lyon – peut être effectué pour découvrir l’église orthodoxe russe Saint-Nicolas avec son clocher « à bulbe » surprenant au milieu des immeubles. Contournez l’église et empruntez la charmante petite rue de la Viabert jusqu’à la rue des Charmettes. Au débouché, l’immeuble faisant l’angle à gauche est signé par l’architecte Fournier, auteur de nombreux immeubles à Villeurbanne ; on lui doit deux réalisations exceptionnelles cours Emile Zola (n°51) et place Wilson (n°9). Descendez la rue des Charmettes en direction du sud. Empruntez à gauche la rue Anatole France après être passé devant l’ancien hôpital des Charmettes. Deux belles portes aux n°46-47, en territoire lyonnais, comme pour signaler l’entrée ou la sortie de la ville. La cinquième plaque (5) se trouve (enfin !) au n°5 de la rue sur le mur du garage près du sol. Sept plaques se succèdent sur le prochain kilomètre.

Rue Jules Vallès. Vue du ciel, une diagonale matérialise la frontière entre Villeurbanne et Lyon.

Prenez la rue Notre-Dame derrière vous, la sixième plaque (6) se trouve sur la marche du n°1, à côté de la boîte aux lettres. Jolie façade de garage à signaler quelques mètres plus loin (les locaux derrière ont été démolis début 2020). Remontez la rue jusqu’à la prochaine intersection. Prenez à gauche. La septième plaque (7) se trouve à l’angle des rues Germain et Alexandre Boutin. Avancez vers le n°3 de la rue Baraban, la huitième plaque (8) est installée sur le mur mitoyen du garage. Revenez sur vos pas vers la rue Louis Becker (dans le prolongement de la rue Germain) et poursuivez jusqu’au croisement avec la rue d’Alsace. Pénétrez dans le parking du club de fitness ; au fond, vous découvrirez deux belles halles avec une charpente en bois et en métal, une curiosité à ne pas louper. Reprenez la rue d’Alsace : jolie villa au n°75 bis, enseigne en forme de clé au n°89. La neuvième plaque (9) est cimentée sur la marche du café qui fait l’angle avec le cours Tolstoï.

Prenez le cours Tolstoï en direction du Totem. Une successions de très beaux immeubles bourgeois marquent l’entrée de Villeurbanne (n°1, n°2 – mosaïques avec motif de feuille de platane –, n°4 – dessus de porte ouvragé -, n°7 – assurément l’une des plus belles portes de Villeurbanne –, n°9 etc). Au-dessus de la porte du n°16, un petit détail à côté duquel on pourrait facilement passer : une niche avec une vierge à l’enfant. Remontez le cours jusqu’au platane à la pointe avec la rue du Docteur Dolard, prenez la rue de la Convention en tête d’épingle. Remarquez les deux belles portes au n°21 et au n°4 bis. La dixième plaque (10) est installée à même le trottoir devant la porte du n°3. Cette plaque n’est étonnamment pas mentionnée par Georges Bazin dans son article. Revenez sur vos pas et empruntez la rue du 24 février 1948, regardez l’enseigne ronde sur le mur, on peut encore lire les mots “couverts”, “orfèvrerie”, “cuivre”. La onzième plaque (11) est intégrée rue du 14 juillet 1789 au mur de la maison qui fait l’angle. Dans l’angle opposé, l’immeuble est signée Henri Chambon, architecte du stade Georges Lyvet – entre autres réalisations –. Reprenez la rue du 24 février / rue Claudius Ponchon côté Lyon et empruntez la rue Saint Victorien / rue du 4 septembre 1797 perpendiculaire. La toponymie de ces rues est l’occasion de réviser ses leçons d’histoire : prise de la Bastille, révolution de 1848, deuxième coup d’état du Directoire. À l’angle, l’annexe de la Friche Lamartine, avec des ateliers d’artistes. La douzième plaque en mauvais état (12) est apposée sur le mur crépi, sous les deux panneaux d’indication de rues qui matérialisent eux aussi la limite entre Lyon et Villeurbanne. À nouveau, un petit kilomètre sépare les deux dernières plaques (sept plaques mentionnées par Georges Bazin ont disparu sur cette distance).

Jardin des Touts petits Adolphe Lafont, avenue Marc Sangnier. Le préau restauré dans son état d’origine.

Continuez sur la rue du 4 septembre, remarquez entre les deux immeubles en face le coin de verdure au fond du parking, il constitue l’un des seuls marqueurs encore tangibles du passage de la rivière la Rize. À l’angle de la rue du Docteur Dolard dans laquelle se trouve l’Institut d’art contemporain, une œuvre du sculpteur Gérald Martinand (Sans titre, 1983). Longez le square bataillon Carmagnole Liberté. Arrivé à l’entrée, retournez-vous pour voir le mur pignon peint en trompe l’œil. Prenez à droite l’avenue Marc Sangnier, à l’angle la villa Lafont. La clôture et la haie dissimulent l’une des plus extraordinaires demeures de la métropole : une villa moderne, construite dans les années 1920, l’un des deux seuls bâtiment classés monument historique à Villeurbanne. En face, le jardin des touts petits Lafont, aménagé dans les années 1930, a conservé quelques éléments d’époque remarquables : labyrinthe, préau (récemment restauré), loge du gardien. En remontant l’avenue vers le sud dans la direction du rond-point/place Marengo, il faut signaler l’entrée du square de la roseraie à gauche. Le jardin des Touts petits et le square de la roseraie ont vu le jour grâce à la générosité de la famille Lafont.

Continuez sur l’avenue ; au rond-point, prenez la deuxième à droite. La rue Edouard Aynard perd de son charme au fil des années, deux jolies villas du début du XXe siècle aux n°39 et 41 ont été détruites en 2019 pour une énième résidence sans grande qualité ; au n°45 Georges Bazin signale des vestiges du château de la Ferrandière – manifestement disparus –. Prenez la rue Sainte-Anne de Baraban à gauche jusqu’à la rue Frédéric Mistral. Cette rue a une particularité malheureuse, il s’agit de la seule rue de Villeurbanne dont la dénomination est héritée du régime de Vichy (elle portait auparavant le nom de Francisco Ferrer, révolutionnaire espagnol). Riche villa avec un parc arboré au n°4, côté Lyon, intéressant arcs symétriques des deux côtés du portail du n°19 sur le trottoir d’en face côté Villeurbanne. Sur le mur de la boucherie, la treizième (13) plaque de notre balade, la dernière mentionnée par Georges Bazin.

Le parcours se termine place des Maisons-Neuves, dans l’un des quartiers les plus anciens de Villeurbanne. Une plaque kilométrique apposée sur le mur de la boulangerie indique la Place du Pont à gauche et Meyzieu à droite. Repartez du côté que vous souhaitez. Ainsi s’achève la traversée de Villeurbanne en reliant les treize plaques en céramique restantes installées en 1932 pour délimiter la frontière avec Lyon.

Aide-mémoire : (1) 1 rue d’Hanoï (2) 4 rue d’Hanoï (3) 128-130 avenue Dutriévoz (4) 13 avenue Dutriévoz (5) 5 rue Anatole France (6) 1 rue Notre-Dame (7) angle rue Germain/rue Alexandre Boutin (8) 3 rue Baraban (9) angle rue d’Alsace-cours Tolstoï (10) 3 rue de la Convention (11) angle rue du 14 juillet/rue du 24 février 1848 (12) limite rue Saint-Victorien/rue du 4 septembre 1797 (13) 26 rue Frédéric Mistral.

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